0 Shares 2317 Views

Rencontrer mon père : un film d’Alassane Diago sur les dessous de l’émigration

Léna Wattez 20 février 2019
2317 Vues

Suite à une sécheresse au Sénégal dans les années 70-80, le père d’Alassane Diago a dû émigrer au Gabon pour subvenir aux besoins de sa famille. Il ne reviendra pas. Plus de vingt ans d’absence et de questionnements ont poussé le jeune Alassane devenu adulte à partir en quête de réponses, à la rencontre de son père. 

Une démarche émancipatrice

Rencontrer mon Père est l’aboutissement d’une vie de questions pour Alassane Diago. Accompagné de sa caméra, il va entreprendre le voyage au Gabon, depuis le Sénégal, à la rencontre de son père dont il n’a de souvenirs qu’en photos : « Je voulais savoir pourquoi ce départ, qui était une idée noble à la base, s’est transformé en abandon. »

Dans une démarche documentaire, le réalisateur va filmer ses conversations avec sa famille, au Sénégal et au Gabon, sur l’absence de son père et les raisons de son prolongement. « Son départ, initialement, n’était pas un abandon ; c’est avec le temps que son absence s’est transformée en abandon. Et, au pays, les familles continuent de vivre dans l’espoir de retrouver leur mari, leur fils ».

Un film intime sur l’émigration

Déterminant, le temps s’installe entre les interlocuteurs. En quête de réponses depuis vingt ans, Alassane en a, du temps. Derrière sa caméra, il est en équilibre entre la position du fils et celle du réalisateur, qui filme son propre père, sa mère, ses frères et sœurs. Il laisse poétiquement s’installer le silence, les regards, les petits gestes, qui représentent autant de réponses apportées à ses questions.

Un cinéma qui dérange

Alassane Diago est bien conscient que le cinéma est une arme. Après des études de philosophie, il se consacre au cinéma et réalise plusieurs courts-métrages et un premier long-métrage, les Larmes de l’Immigration, primé dans plusieurs festivals. Dans ses films, le réalisateur prend des positions jugées transgressives par sa société et la génération de ses parents : « Ils ne sont pas conscients des enjeux philosophiques et humains de mes prises de position », témoigne-t-il.

Entre l’incompréhension du fils face à l’abandon de son père, et l’incompréhension du père face à la démarche de son fils, Alassane Diago nous fait partager une rencontre aussi intime qu’universelle, à la croisée des générations.

Léna Wattez

Articles liés

Dans le cadre du Festival Off Avignon, “4.48 Psychose” une représentation tirée des textes de Sarah Kane !
Agenda
122 vues

Dans le cadre du Festival Off Avignon, “4.48 Psychose” une représentation tirée des textes de Sarah Kane !

4.48 Psychose, “s’il vous plaît levez le rideau !”. Découvrez un spectacle touchant et authentique tiré des textes de l’autrice Sarah Kane ! À découvrir lors du Off du Festival d’Avignon, dès le 29 juin au Théâtre La Luna...

La réinterprétation des “Three Quartets” de Dal Sasso Big Band Chick Corea au Sunset-Sunside
Agenda
104 vues

La réinterprétation des “Three Quartets” de Dal Sasso Big Band Chick Corea au Sunset-Sunside

Dal Sasso a encore frappé ! Fort de ses relectures King Size de classiques de JohnColtrane,  “A Love Supreme” et “Africa/Brass”, Christophe Dal Sasso s’attaque aux “Three Quartets” de Chick Corea. Sous la conduite experte de l’arrangeur, son big...

Le Petit Palais ouvre ses portes aux artistes d’art urbain avec l’exposition événement “We Are Here”
Agenda
2370 vues

Le Petit Palais ouvre ses portes aux artistes d’art urbain avec l’exposition événement “We Are Here”

À partir du 12 juin 2024 et pour la première fois, le Petit Palais ouvrira ses portes aux artistes d’art urbain, les invitant à engager un dialogue subtil avec ses collections permanentes et son architecture. Une véritable exploration d’art...